Depuis le début du mois d’octobre, la violence s’intensifie à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés. A l’heure où nous publions ce communiqué, plus de 5000 personnes dont plus de 2000 enfants ont été tuées à Gaza, et 1200 Israéliens sont morts dans l’attaque du 7 octobre. Le bilan civil tragique s’alourdit d’heure en heure et nos pensées vont à toutes les victimes innocentes de cette violence meurtrière.
Tandis qu’Israël mène une offensive largement critiquée par l’ONU, Amnesty International et bien d’autres ONG, des analystes qualifient la situation à Gaza de génocide et de nettoyage ethnique, et les exactions de l’armée israélienne contre les populations civiles de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Cette urgence humanitaire a provoqué partout dans le monde des vagues de soutien sans précédent, pourtant très peu perceptibles en France.
Étudiants Musulmans de France, organisation étudiante nationale française, est profondément préoccupée par le musellement des soutiens étudiants à la cause palestinienne et par la montée des actes islamophobes et antisémites, notamment dans les universités françaises.
Sylvie Retailleau, la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a dans une lettre appelé les présidents d’universités à limiter toute “situation susceptible de causer un trouble à l’ordre public”. En d’autres termes : à limiter l’expression du soutien au peuple palestinien dans les universités.
Nous sommes alarmés de constater que les appels en faveur d’une aide humanitaire et d’un cessez-le-feu immédiat sont sciemment étouffés comme tout débat apaisé dans le monde universitaire autour des causes profondes de la situation en Palestine.
Nous interrogeons donc Madame la Ministre : quelle place reste-t-il pour la liberté d’expression et la liberté académique à l’Université ? Par ces mots, le gouvernement pèse de tout son poids pour limiter la pluralité des opinions, qui fait pourtant la singularité du monde universitaire auquel nous sommes toutes et tous attachés.
La liberté d’expression est un pilier fondamental de toute société démocratique. La condamnation des crimes de guerre, quel que soit leur auteur, et la défense de la cause palestinienne s’inscrivent dans une tradition de lutte pour les droits humains et le droit à l’autodétermination des peuples.
Il est impératif de préserver cette liberté partout où elle est menacée et de soutenir la recherche de solutions afin de cesser les violences, assister les populations civiles, mettre fin à la colonisation et à l’Apartheid et aboutir à une paix durable.