Alors que le tout nouveau Ministre de l’éducation s’était donné pour mission principale d’assurer le bien-être et l’épanouissement des élèves en France, nous observons que sa première mesure porte sur l’habillement des jeunes collégiennes et lycéennes de confession musulmane. Ces dernières sont encore une fois la cible de jeux politiques nauséabonds au nom d’une supposée laïcité dérobée de tout son sens.
L’association Étudiants Musulmans de France condamne sans réserve cette décision qui pousse encore plus à la stigmatisation des jeunes filles et des femmes musulmanes. Les efforts du gouvernement français pour réglementer les tenues des femmes musulmanes, du voile dans les écoles aux burkinis à la plage, reflètent une détermination constante de contrôler le corps des femmes musulmanes, une détermination qui s’ancre dans une histoire bien plus longue.
En outre, EMF s’interroge sur la façon dont cette mesure se verra appliquer. La distinction entre une robe longue et une abaya est laissé à l’arbitraire et au bon jugement du personnel éducatif, qui devra par ailleurs s’occuper à faire la police du vêtement en glissant très dangereusement vers le contrôle au faciès, au lieu de prendre en charge l’éducation des élèves et ainsi permettre le bien-être de toutes et tous dans les meilleurs conditions possibles.
Au contraire, l’application de cette interdiction ouvre la porte au harcèlement des élèves musulmanes à la fois par leurs pairs mais surtout par le corps éducatif. En effet, on redoute que ses élèves ne deviennent les victimes d’une chasse quotidienne visant à contrôler leurs tenues et décider si celles-ci sont assez appropriées ou non pour pouvoir jouir de leur droit à l’éducation. Il s’agit là de pratiques qui menacent les libertés fondamentales mais aussi la santé mentale des élèves. Là où la lutte contre le harcèlement scolaire et la santé mentale des élèves se voulaient être le cheval de bataille du gouvernement, ces mesures restrictives et anti-démocratiques viennent piétiner sans vergogne ces objectifs initiaux.
D’autant que le système éducatif actuel est en voie d’implosion. Entre autres, les écoles manquent de moyens et de ressources pour mener à bien leur mission éducative, les professeurs, en sous-effectif, ne sont pas rémunérés à leur juste valeur, un élève handicapé sur quatre n’a pas accès à l’éducation… Il est donc complètement déplacé de faire de la tenue vestimentaire d’une toute minorité d’élèves, la priorité n°1 du projet gouvernemental.
EMF rappelle que le principe de laïcité est là pour garantir la liberté de chacun de croire ou de ne pas croire par le biais d’une neutralité stricte de l’État face aux religions et non pas par la neutralisation de ses citoyens.

