“On ne pourra pas rester dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont boursiers, et pourtant nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle”
Par ces propos, Emmanuel Macron érige le culte de la performance et de la compétition à l’anglo-saxonne au détriment des étudiants les plus précaires.
Or il est important de rétablir certains faits :
Il n’est pas vrai de dire que l’université française est la plus financée par l’argent public alors qu’elle ne l’est qu’à 78% contre plus de 96% chez nos voisins européens 1.
De plus, argumenter que l’université payante permettrait d’éradiquer la précarité étudiante est un raisonnement fallacieux.
Ces propos, qui, au mieux traduisent une méconnaissance des réalités du terrain et des difficultés de la vie étudiante dans notre pays, au pire une duperie éhontée et méprisante, révèlent le projet malsain du président pour la jeunesse de demain :
Un accès à l’enseignement supérieur encore plus injuste et inégalitaire.
Il serait bon de rappeler au Président de la République que l’accès à l’enseignement supérieur est un droit, non pas un luxe.
Sacrifier l’Université quasi-gratuite, lieu de savoirs accessible à tous, sur l’autel de la rentabilité, c’est créer plus d’inégalités sociales et scolaires dans un système déjà bien injuste pour les plus précaires.
Rappelons également qu’aujourd’hui, seuls 10,9% des étudiants sont enfants d’ouvriers 2. Une proportion bien maigre quand l’on se veut universaliste.
La politique étudiante de ce mandat, débutée par la baisse symbolique des APL, ponctuée de coups de canifs récurrents faits à l’enseignement supérieur, n’a été que cynisme et surdité aux revendications étudiantes.
Parler aujourd’hui de hausse de frais d’inscriptions pour les plus précaires est une provocation dans une France où le pouvoir d’achat reste la première préoccupation des Français.
C’est pourquoi nous appelons à une forte mobilisation des étudiants les 27 janvier et 3 février prochain aux côtés d’autres syndicats étudiants de sensibilités différentes, mais unis autour d’une revendication claire : un enseignement supérieur accessible à tous.
Et s’il en fallait encore une preuve, nous constatons que l’ascenseur social est bel et bien en panne en France et que pour le président de la République, la facture sera payée par les étudiants les plus précaires.
1 La dépense pour l’enseignement supérieur dans les pays de l’OCDE – État de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en France n°14
2 Ministère de l’Education nationale – Données 2019-2020 © Observatoire des inégalités

